Retraites 1882
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SIXIÈME
INSTRUCTION
Le Saint-Sacrement de l'autel
La théologie nous enseigne qu’on reçoit autant en communiant sous une
espèce que sous les deux. C’est vrai, théologiquement parlant, car on
reçoit Jésus-Christ tout entier, mais ce n’est pas vrai pratiquement, car
Jésus-Christ se donne à l’âme avec plus ou moins de grâces. Dieu n’a
rien fait, il n’a accompli aucun acte, il n’a dit aucune parole sans
conséquence. Notre-Seigneur ne veut même pas qu’on dise deux fois
“oui” ou deux fois “non” quand une seule fois suffit. Et vous voudriez
que, dans les desseins de sa Providence, Dieu ait permis que la Communion sous
les deux espèces, accordée d’abord aux fidèles dans les premiers siècles,
dût être réservée ensuite aux
seuls prêtres, et cela sans raison, sans conséquence ? Assurément non. Et
le sang que nous recevons sert, suivant la parole de la Sainte Ecriture, “en
remission des péchés” (Mt 26:28). Oui, le prêtre qui communie sous les
deux espèces reçoit plus pour lui, d’abord et, pour la communiquer aux
autres, la rémission des péchés. En second lieu, ce sang est le lien, le
ciment de l’amour avec l’Epoux.
Oh ! dites donc bien la Messe, avec foi, amour, avec piété et recueillement.
Notre saint Fondateur dit que Notre-Seigneur au Saint-Sacrement est le soleil
de notre âme, de toute notre vie. De même que toutes les planètes gravitent
autour du soleil, tirent leur lumière, leur vie du soleil, de même
Notre-Seigneur au Saint-Sacrement doit animer toutes nos actions. C'est là
que nous devons aller chercher nos inspirations. Est-ce bien difficile? Non.
Faites vos actions avec Notre-Seigneur au Saint-Sacrement. Saint François de
Sales dit encore: L'aigle, dit-on, va battre de son aile pendant plusieurs
années l'endroit où elle a fait son nid, comme en souvenir de l'amour, du
bonheur qu'elle a eu d'élever ses petits. De même, dit-il, nous devons aller
frapper souvent, tous les instants de notre journée, à l'endroit où
Notre-Seigneur s'est immolé pour nous, où nous avons goûté son amour. Car
à la sainte messe n'avons nous
pas reçu toutes les grâces qui nous sont réservées? Les grâces sont
infinies. Donc allons frapper. Oh ! me disait un bon religieux, le Père
Retournat, si les prêtres savaient aimer le Saint-Sacrement, ils feraient des
miracles; mais une fois la messe dite, ils s’en vont et ils ne pensent plus
à Notre-Seigneur.
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